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Important — Aroumé (la cuisine)
J'ai oublié de m'enquérir d'un point important. Comme les récipients dont on se sert pour cuire sont très grands, il ne faut pas que la place où sont les fourneaux soit très surélevée au-dessus du sol- Il faut vérifier cela pendant qu'on répare la cuisine. La place des fourneaux ne doit pas être à plus de 50 cm du sol, afin de pouvoir sans danger monter et descendre les bassines. Le 5 décembre 1933
(Après avoir donné à Mère ses heures de travail.) Tout cela me laisse peu de temps, pas assez pour une tournée dans tous les centres. Que faire, Douce Mère ? Je l'appelle à l'aide.
Il faut être calme et concentré, ne jamais prononcer une phrase mutile et avoir foi dans l'aide divine. Le 12 décembre 1933
Douce Mère, Exercice à faire : Si vous jugez que votre voix est en train de se hausser, taisez-vous immédiatement ; faites appel à Douce Mère, qu'Elle vous rende conscient de la déformation dissimulée. Est-ce que c'est bien, Douce Mère ?
C'est tout à fait bien. Tous mes compliments pour ce progrès sensible. Le 9 février 1934
"Attila roi des Huns en 434, ravagea les cités de la Gaule, épargna Lutèce, dont l'éloigna sainte Geneviève." Je ne comprends pas l'expression "dont l'éloigna sainte Geneviève". Est-ce que sainte Geneviève éloigna Attila de Lutèce, que celui-ci avait épargnée? Page – 32 Attila fut contraint d'épargner Lutèce à cause de l'action occulte de sainte Geneviève qui, par l'ardeur de ses prières, obtint l'intervention de la Grâce Divine, Celle-ci incita Attila à changer la route de ses troupes et ainsi il passa au large sans approcher de la ville. Le 11 février W4
Douce Mère. J'ai mal dans la poitrine, à droite, et dans le dos, à gauche, depuis trois ou quatre jours, /'avais décidé d'être brave et de ne rien t'en dire, mais depuis hier la douleur est aiguë.
Ce n'est pas du tout malin de n'avoir rien dit. Si vous l'aviez dit tout de suite, vous seriez déjà guéri. Le 13 février 1934
(Le sâdhak raconte sa conversation avec Z., un fonctionnaire français de Pondichéry, qui se termine ainsi :)
Z : J'ai entendu dire que Sri Aurobindo peut communiquer à distance. Est-ce vrai ? Sâdhak : C'est peu de chose. Il ne s'occupe pas de pouvoirs occultes; ce n'est pas son but. Z : Mais tout de même, peut-il communiquer avec quelqu'un à Calcutta ? Sâdhak : Oui, si l'autre est réceptif. Par exemple, j'ai des difficultés dans les travaux. Pas moyen de communiquer avec Mère. Je ne trouve pas la solution. Je me concentre sur Mère, je lui demande de me guider et je trouve la solution. Ceci n'est pas rare. C'est arrivé plusieurs fois. Z: Est-ce que Sri Aurobindo fait des conférences Page – 33 Sâdhak : Non, nous faisons là méditation avec Mère. Z. : Sur quoi méditez-vous ? Sâdhak : Chacun sur sa propre aspiration et Mère nous guide. Elle nous donne des expériences et des révélations. Z.: Non?! Sâdhak : Mais oui, nous ne sommes pas tous en proie à une hallucination ! Z: Êtes-vous sur que ce n'est pas une hallucination? (Mère a souligné au crayon rouge la plupart des remarques ci-dessus.)
Il aurait mieux valu ne pas dire les choses que j'ai marquées au crayon rouge. Cela fait partie des "pouvoirs" qu'il vaut mieux ne pas mentionner. Ou celui à qui on parle ne comprend pas du tout et vous prend pour un fou, un "halluciné", ou il comprend et alors il a peur, ce qui est toujours dangereux. Quand on vous pose des questions sur les pouvoirs de Sri Aurobindo, il vaut toujours mieux dire : "Je ne sais pas. Ce sont des choses dont il ne nous parle pas." Et ne parlez de moi que si c'est inévitable. Je mets dans le plateau un exemplaire des "Entretiens" pour Z. Le 27 mars 1934
Douce Mère, Quand je lis un roman ou un imprimé quel- conque, je comprends très bien — disons 80%. Mais quand on parle j'ai beaucoup de difficulté à comprendre. Plus de la moitié m'échappe.
Faut-il comprendre par ceci que le rapport de la conversation avec Z n'est pas exact ? Ceci est très sérieux — il ne faudrait pas lui faire dire des choses qu'il n'a pas dites. Page – 34 Il faut rapporter les choses exactement comme vous avez entendu et là où vous n'êtes plus sûr, il faut mentionner que vous n'êtes pas sûr. Le 2 avril 1934
Douce Mère, Prière : Apprends-moi la manière infaillible d'avoir un baiser de Douce Mère qui console et guérit.
Pourquoi veux-tu un signe extérieur de ma tendresse ? N'es-tu pas satisfait de savoir qu'elle existe ? Le 16 avril 1934
Douce Mère, J'admets que j'ai beaucoup à apprendre de X. Je salue Douce Mère dans X. Mets-nous dans un rapport tel que j'en profite et je le serai reconnaissant.
J'apprécie cette attitude et cet effort. Cela prouve la sincérité de voire aspiration. Mais je n'avais pas ce point précis dans l'esprit — je parlais d une façon beaucoup plus générale. Tous, dans vos relations entre vous, vous avez beaucoup à changer et beaucoup à apprendre. Le 20 avril 1934
Il paraît que l'avis concernant les jours de congé a été circulé seulement en français. Je ne pense pas que vous puissiez faire cela car cela reviendrait à imposer l'étude du français à tous ceux qui travaillent au "Building Department", ce qui est impossible. Par exemple, Y m'a demandé une fois s'il était indispensable d'apprendre le français, je lui ai dit non. D'autres aussi sont dans le même cas. A mon avis, au français il faut ajouter la version en anglais et faire circuler les deux en même temps. Le 4 mai 1934 Page – 35 Z m'a demandé si on pouvait payer double l'heure de travail supplémentaire de 6 à 7 dans la soirée. J'ai dit oui. Car vous savez sans doute qu'en France toutes les heures supplémentaires du soir sont payées double, et cela paraît raisonnable. Le 4 mai 1934
Douce Mère, Je te fais ma confession. Des contradictions et des doutes ont envahi mon cerveau. J'ai lutté contre cet envahissement jusqu'au désespoir, mais je n'ai pas encore trouvé la paix. Hier soir j'ai fait un effort, j'ai prévu les dépenses qu'il faut faire, les ouvriers nécessaires pour ces travaux, etc. aussi bien que j'ai pu avec ma prévoyance courte et limitée. J'étais complètement découragé. Que faire ?
Ces choses-là demandent à être vues à tête reposée, pas à la légère comme on parlerait d'une pièce de théâtre ou de la prononciation française. Quand le travail sera tout à fait au point, que vous aurez tout prévu et que vous pourrez répondre à toutes mes questions, je vous appellerai un matin tout seul avec X dans ma petite chambre, et nous parlerons de cela tranquillement. Quand apprendrez-vous à ne pas perdre courage et confiance au moindre contretemps, quand les choses ne sont pas, de mon fait. exactement comme vous aviez prévu qu'elles devaient être ? If me semble qu'il est grand temps qu'il en soit ainsi, et je trouve que vous me donnez bien peu de crédit, moins que vous n'en donneriez peut-être à un entrepreneur de travaux ordinaires qui vous apparaîtrait comme sachant son métier et ayant du bon sens.
(Le sâdhak donne alors plusieurs exemples des difficultés qu'il rencontre avec ses ouvriers, et dans l'exécution de ses projets.) Page – 36 Tout ce que tu dis est tout à fait exact et il y a encore beaucoup d'autres choses que tu n'as pas dites et que je sais. Le mal pourrait se résumer ainsi : 1) Trop d'ouvriers. 2) Trop d'ouvrages différents entrepris à la fois. 3) Manque de conscience de quelques-uns des surveillants. Naturellement, le n0 2 pourrait être corrigé par l'accroissement du nombre des surveillants, à condition, bien entendu, qu'ils soient sincères et honnêtes, ce qui serait aussi le remède pour le n0 3. Mais peut-être que de tous les remèdes, celui-là (je veux dire de devenir honnêtes, sincères et consciencieux est le plus difficile à réaliser. Plusieurs lois nous avons parlé, en gros, de la diminution des ouvriers; j'ai toujours dit oui, et je serais très heureuse de réduire les dépenses autant que possible. Mais lorsque nous en sommes arrivés au détail de l'exécution, nous nous sommes trouvés toujours en face de la même difficulté : qui renvoyer ? et d'après vos réponses la difficulté me paraissait insurmontable. Maintenant je propose ceci. C'est d'afficher une communication que X pourra rédiger à peu près ainsi : "Par suite de la mauvaise volonté des habitants de la ville, je me suis vue dans l'obligation d'arrêter les achats de maisons ; conséquemment, il n'y a plus assez de travail pour occuper tous les ouvriers. J'en suis tout à fait désolée, mais je me vois dans l'obligation de me séparer d'un certain nombre d'entre eux (vous direz le nombre) et comme ils ont tous été travailleurs et fidèles, je suis encore plus embarrassée pour faire un choix. Je les préviens donc trois semaines à l'avance; à partir du 1er juillet prochain, le nombre des ouvriers sera diminué de... tant (donner les chiffres exacts) ; cela leur donnera le temps de chercher du travail ailleurs. Que ceux qui en auront trouvé le disent." Avant d'afficher cela, vous parierez aux ouvriers (maçons, charpentiers, peintres, coolies, etc.) que vous voulez positivement garder Page – 37 et vous leur direz que l'avis qui va être affiché n'est pas pour eux et que dans tous les cas nous voulons conserver leurs services, que, par conséquent, Us n'ont pas à chercher du service ailleurs. Pour être sûr qu'il n'y ait pas de malentendu possible, il vaudra mieux que ce soit X ou Y qui leur parle, en votre présence. Et, à partir du 1er juillet, il faudra songer à diminuer aussi le nombre des travaux entrepris simultanément afin d'obvier à la difficulté de la supervision. Voilà ce que je vois de plus clair pour le moment. Le 5 juin 1934
Douce Mère, Tout le mal que j'ai éprouvé jusqu'à ce soir vient de mes réserves envers Douée Mère. Est-ce que mon diagnostic est correct? S'il est correct, comment me passer de ces réserves sans avoir l'air de contredire ou d'embarrasser Douce Mère ?
Je vais commencer par vous raconter une toute petite histoire. Ensuite je vous répondrai. Vous avez remarqué, sans doute, la nouvelle pendule qui doit marcher 6 mois. Quand elle a été mise en marche, elle avançait beaucoup- Z a cherché le moyen de la régler et a trouvé une sorte de vis qui sert à allonger ou à raccourcir le balancier. J'ai regardé la pendule avec le regard intérieur et j'ai dit à Z : il faut raccourcir pour retarder. Il m'a regardé d'un air ahuri et m'a expliqué qu'en mécanique plus le balancier est long plus le mouvement est lent (je savais cela tort bien — mais celui-ci n'est pas un balancier ordinaire puisqu'il marche par un mouvement rotatif). Je lui ai répondu, comme je fais toujours: "Faites comme vous pensez." Il a allongé le balancier et la pendule s'est mise à marcher encore plus vite. Après un jour d'observation, il a consenti à raccourcir le balancier et maintenant la pendule marche tout à fait bien. Page – 38 Je crois à la supériorité de la vision intérieure sur la vision extérieure et cette croyance est basée non seulement sur une connaissance théorique mais sur des milliers d'exemples que j'ai rencontrés au. cours d'une vie qui est déjà longue. Malheureusement, Je suis entourée de gens qui, quoiqu'ils soient ici pour pratiquer le yoga, en sont encore à être persuadés "qu'un chat est un chat" comme on dit communément en français, et que l'on ne peut se fier qu'à ses yeux physiques pour voir et observer, qu'à sa connaissance mentale physique pour Juger et décider et que les lois de la nature sont des lois, c'est-à-dire que tout ce qui y fait exception est un miracle. Ceci est faux. C'est cela qui est la base de tous les malentendus et de toutes les réserves. Vous savez déjà et je ne mentionne que pour mémoire, qu'une expérience faite avec un esprit de réserve et de doute n'en est pas une, et que les circonstances extérieures s'arrangeront toujours pour donner raison aux doutes et cela par une cause très simple à comprendre : le doute voile la conscience et la sincérité subconsciente et dans l'action Il s'introduit de petits facteurs qui n'ont l'air d'avoir aucune importance mais qui sont justement suffisants pour changer tous les facteurs du problème et pour amener le résultat que, dans son doute, on avait prévu. Je n'ai rien d'autre à ajouter que ceci. Lorsqu'il a été question de resilexorer les chambres de Z, J'ai regardé très attentivement et à plusieurs reprises avec la vision intérieure et j'ai vu ceci : brosser les murs avec la brosse métallique afin que tout ce qui est détaché tombe et couvrir le reste avec une couche épaisse qui, par le fan même qu'elle sera épaisse, suffira à cacher les inégalités. Le procédé devait être simple, rapide, et donner toute satisfaction ; J'y ai mis toute la force nécessaire pour que cela devienne une formation effective munie du pouvoir de réalisation et j'ai dit qu'on pouvait faire le travail, en ajoutant en quelques mots comment il devait être fait (ceci se passait il y a fort longtemps — la première fois qu'on avait décidé de resilexorer les murs chez Z, il y a peut-être plus d'un an de cela). Page – 39 Ma formation était si vivante, si présente, si active, que j'ai commis l'erreur de ne pas la rappeler à votre souvenir avant que le travail ne commence ; j'ai une tendance fâcheuse à croire que la conscience de ceux qui m'entourent est, au moins partiellement et dans son fonctionnement limité, similaire à la mienne. Je m'explique — je sais que chacun de vous a une conscience très petite et restreinte comparée à la mienne, mais dans ses limites, j'ai l'illusion que sa nature est similaire à la mienne, et c'est pourquoi il y a beaucoup de choses que je ne dis pas car pour moi elles sont si évidentes qu'il serait parfaitement inutile de les dire. C'est ici que doit intervenir, de votre part, une liberté de mouvement et de parole qui provient d'une affectueuse confiance — s'il y a quelque chose dont vous n'êtes pas sûr, il faut me le demander; si vous ne voyez pas très clairement mon intention, il faut vous en informer ; si vous n'êtes pas au courant de ma formation d'une façon très précise, il faut me demander de vous l'expliquer. Quand je ne le fais pas, c'est que je pense que vous êtes suffisamment réceptif pour que la formation agisse et se réalise sans que j'aie besoin d'en parier, et, en fait, cela se produit souvent — ce n'est que lorsque le mental ou le vital se mettent de travers, pour une raison ou une autre, que le fonctionnement devient défectueux. Lisez cela attentivement, étudiez-le, et quand vous viendrez aujourd'hui, je vous demanderai de le lire à partir de l'endroit que j'ai marqué d'une croix rouge, car je crois que cela peut être utile pour tous ceux qui sont là. Sans doute vous demanderai-je de le traduire en anglais, pour être sûre que vous avez bien compris. Que la Paix soit avec vous — je vous bénis. Le 7 juin 1934 Ô Douce Mère, J'ai soif, j'ai soif de Ton amour, ô Douce Mère. Page – 40 Tu n'as qu'à ouvrir ton cœur et tu seras désaltéré, car le flot de l'amour ne tarit pas. Le 3 juillet 1934
Dors bien et repose-toi sous l'ombre protectrice de ma bénédiction. Le 11 juillet 1934
Douce Mère, Ce matin tu as dit que quand on sent un danger, c'est qu'il y a une raison cachée quelque part.
Je n'ai pas dit cela exactement. J'ai dit qu'il faut toujours prendre au sérieux une impression de danger, quand on est responsable de l'état des choses, et qu'on ne doit pas dire : ce n'est rien sans être dix fois sûr que ce n'est rien. Le 22 août 1934
Douce Mère, En faisant l'inspection des magasins, j'ai trouvé que le principe de garder tous les matériaux et de ne rien rejeter, n'est pas un principe sans reproche. Les bons matériaux s'abîment à cause de l'accumulation des choses inutiles, parce qu'on ne peut pas en prendre soin. Si on n'avait gardé que les bons matériaux, il aurait été plus facile d'en prendre soin. Est-ce que j'ai raison, ô Douce Mère ?
Je pense que oui. Mais c'est surtout le manque d'organisation et d'ordre qui est la cause de tout le gaspillage. Certainement si on n'a pas la place de garder les choses bien en ordre et séparées, le bon d'un côté et le mauvais de l'autre, il vaut mieux se défaire du mauvais ; mais cela avec grande précaution pour ne pas tomber dans un autre extrême et rejeter des choses qui peuvent être utiles. Le 20 septembre 1934 Page – 41 Douce Mère, X m'a envoyé un maçon avec un mol de renvoi ce matin. J'apprends de X, plus tard, que le maçon avait ri quand X s'était montré insatisfait du travail qu'il avait/ait. Comment décider du sort de l'ouvrier dam ce cas et dans les cas semblables ?
On ne peut vraiment pas congédier un homme parce qu'il a ri. Il faudrait lui donner un autre travail en lui recommandant d'être poli à l'avenir. Le 24 octobre 1934
Douce Mère, J'ai entendu dire qu'on peut savoir toutes les qualités d'un matériau quelconque, par identification de conscience. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que c'est possible ? Par exemple, quand il y a des fissures dans un toit, je désire savoir leur cause exacte- Comment puis-je m'identifier avec cette toiture? Y a-t-il un moyen défini ? Est-ce que ce procédé est plus facile ou plus infaillible que le procédé mental du raisonnement qui s'appuie sur l'expérience acquise ?
En principe, c'est vrai qu'on peut tout savoir par identification. Mais en pratique c'est assez difficile à appliquer. Tout le procédé est basé sur le pouvoir de concentration. Il faut se concentrer sur l'objet à connaître (le toit en l'espèce) au point que tout le reste du monde disparaisse et que lui seul existe, alors avec un petit mouvement de volonté on peut réussir l'identification. Mais ce n'est pas très facile à faire et, à part le raisonnement, il y a d'autres moyens de savoir, comme l'intuition par exemple, qui, eux aussi, sont efficaces. Le 1er novembre 1934
Ô Douce Mère, Je chante tes louanges. Je n'oublierai jamais comme tu réponds quand on fait appel à toi avec intensité, Page – 42 ni la merveille de ta présence qui change aussi l'attitude des autres.
Cette constatation est tout à fait exacte.
Je te salue, ô Douce Mère. Sois présente en moi toujours et toujours.
Oui, je suis toujours avec toi, mais il ne faut Jamais oublier de m'appeler parce que c'est en appelant que la présence devient efficace. Le 15 décembre 1934
Douce Mère, Je savais que je n'étais pas obligé de donner à Y une explication pour ma décision. Dans son expression, la question était là, mais je pouvais bien l'ignorer. Pourquoi est-ce que j'ai montré cette faiblesse ? ô Douce Mère, comment agir dans de pareils cas?
La volonté de Y est forte et il sait l'imposer sur les autres. La seule solution est d'avoir une volonté plus forte que la sienne et d'en faire usage avec beaucoup de calme mais aussi de détermination. Le 25 décembre 1934
Douce Mère, Écoute deux histoires de suggestions intérieures. (Le sâdhak donne deux exemples.) D'après ces deux histoires, tu vois bien que la suggestion dans le premier cas était bien fondée, tandis que dans le deuxième cas c'était ennuyeux. Comment distinguer les suggestions de la première catégorie de celles de la deuxième? Page – 43 C'est seulement par une longue expérience, après beaucoup de vérifications faites très soigneusement, qu'on peut arriver à discerner les divers genres de suggestions par la vibration qui les accompagne. Le 12 janvier 1935
Douce Mère, Je te demande pardon pour cette réponse ambiguë à Z. Je te salue, rempli de remords.
Le remords ne sert à rien ; il faut avoir la joie de la possibilité de faire un progrès. Le 26 février 1933
(Le contact avec un collègue a donné au sâdhak la migraine.) je ne comprends pas ces deux attitudes diamétralement opposées en mot : (1) l'une qui décide d'éviter tout contact avec X, -direct ou indirect, et (2) l'autre qui prend comme signe définitif de quelque victoire, toute affaire traitée en harmonie entre nous ; mais comment faire ça sans avoir mal à la tête, ô Douce Mère ?
C'est la contradiction de ces deux mouvements qui est peut-être cause du mal de tête. Le n° 1 veut la paix par le moindre effort. Le n° 2 veut vaincre la difficulté et non la fuir, Je propose d'éviter, pour le moment, le contact avec X autant que cela est possible. Mais si le contact s'établit, se méfier des réactions subconscientes et être très vigilant. Le mai 1935
(Un collègue a enfreint la discipline de travail.) Quand j'ai vu Y sortir de l'atelier, deux suggestions m'ont frappé: (1) s'il fait quelque chose à mon insu, pourquoi intervenir ? et (2) puisque je le sais, je ne peux pas rester indifférent; il faut lui dire que ce n'est pas bon. Page – 44 J'ai suivi la deuxième suggestion.
Ce que tu as fait était bien — en principe tout au moins — car en fait tout dépend des mots employés et du ton de la voix... Le 15 mai 1935
Douée Mère, Qu'est-ce qu'on entend par "écouter la voix" ? Est-ce que l'on a l'impression d'écouter des mots prononcés ? Une phrase toute faite : "Écrivez ce qui est prévu dans le devis" a voulu agiter mon esprit. Je ne sais pas d'où vient cette phrase. Était-ce ma propre pensée traduite en mots, ou était-ce ce qu'on appelle une "voix" ? Comment distinguer, ô Douce Mère ?
C'était évidemment une voix intérieure — il est rare qu'on entende le son des mots, mais le message se traduit en mots dans le cerveau ou seulement parfois en une impression dans le sentiment. Le 23 mai 1935
Douce Mère, J'ai décidé de prendre envers Z l'attitude que voici : si j'ai quelque suggestion ou remarque à faire au sujet du travail, je la fais tout simplement. S'il accepte, tant mieux. S'il n'accepte pas, je garde le silence, sans discuter, et je le laisse faire comme il veut. Est-ce que cette attitude est correcte ?
Non, ce n'est pas correct — et je vois que tu n'as pas compris la portée de ma remarque de l'autre jour. Si tu vois quelque chose à faire d'une certaine manière, tu dis simplement : "Voici comment je conçois que ceci doit être fait." S'il contredit et donne une opinion différente, tu réponds simplement : "C'est bien. Nous allons tous les deux soumettre nos points de vue à Mère et c'est elle qui décidera" Page – 45 Ainsi il ne peut pas y avoir de question de personne entre lui et toi. Ce n'est plus qu'une question d'obéissance à mon égard. Le 6 juin 1935
Douce Mère, Tu m'as rendu conscient des mouvements subconscients qui gouvernent l'action. Chaque fois qu'une semblable occasion se présente, Tu me rend de plus en plus conscient. Ne T'éloigne pas de moi quand Tu me vois sombre, ô Douce Mère. Je T'assure, je Te promets que grâce à Toi, je reviens à moi-même dans un court délai. J'aspire à ce jour béni où le conflit, le manque de foi momentané, cesseront à jamais et Tu te serviras de moi comme Tu te sers de Tes 'pieds, ô Douce Mère. Je Te salue avec reconnaissance, plein de/oie.
Je suis très contente de la façon dont tu as pris la chose et aussi c'est une grande preuve de confiance que je te donne quand je te parle si franchement. Mes bénédictions sont avec toi. Le 16 juillet 1935
(Le sâdhak a refusé de faire enlever des clous dans une chambre, et il s'en explique à Mère.)
Oui, elle est correcte en tant qu'analyse, mais ce n'est pour aucune de ces considérations personnelles qu'une chose doit être faite. L'action à faire doit être considérée en elle-même, indépendamment de toute question de personnes. Si la chose est bonne et juste à faire, il faut !a faire. Sinon, il faut s'en abstenir. C'est justement parce que ton refus n'avait pas de cause vraie qu'il n'a pas eu le pouvoir de dominer la volonté de l'autre. Page – 46 Il faut donc faire enlever les clous. Le 17 juillet 1935
Douce Mère, Hier X a demandé si l'on allait enlever les clous. Dans l'absence d'un ordre précis à-ce sujet, j'ai dit : "Demandez a Mère. " Plus tard, c'est Douce Mère qui a décidé de ne pas les enlever.
Oui, J'espérais qu'on pourrait faire plier sa volonté sur ce point, parce que je croyais que c'était tout à fait vrai que d'enlever les clous abîmerait le mur, mais ce n'était que très relativement vrai, et alors la formation n'a pas eu un pouvoir de vérité suffisant pour dissoudre la formation contraire de X. (Voilà du vrai "occultisme".)
Je pense que Je ne peux pas être le juge pour décider si la chose est bonne ou non, parce que ma vision est limitée.
Je n'ai jamais dit qu'il fallait que tu sois le juge. Je consens à être le juge dans tous les cas, parce que je reconnais qu'il est très difficile de savoir si une chose est bonne et juste, à moins qu'on ne puisse voir la loi de Vérité qui est derrière les choses.
Si tu m'avais demandé : "Ce n'est rien d'enlever les clous, n'est-ce pas?", /'aurais répondu: "Peu de chose." Et si tu avais dit : "Quoi! enlever les clous pour rien et abîmer le mur?", j'aurais répondu: "Insensé."
Ceci n'est pas juste. Quand je pose une question, je la pose pour avoir le renseignement exact et objectif. Je l'ai dit maintes fois. Page – 47 Je n'ai aucune idée préconçue, aucune préférence, aucune opinion sur les choses. Si je pouvais me déplacer et tout voir physiquement par moi-même, je n'aurais besoin de demander des renseignements à personne, Mais ce n'est pas le cas, et c'est pourquoi je pose des questions à ceux qui m'entourent et qui, eux, peuvent se déplacer. Je ne veux pas qu'ils me répondent en se faisant l'écho de ce qu'ils s'imaginent, à tort, être ma pensée, je veux qu'ils usent de leur capacité d'observation et de leur connaissance technique pour me donner un renseignement aussi exact et précis qu'ils le peuvent. Et c'est sur ce renseignement que je base ma décision. Le 18 juillet 1935
Douce Mère, Tu m'avais écrit : "C'est justement parce que ton refus n'avait pas de cause vraie qu'il n'a pas eu le pouvoir de dominer la volonté de l'autre, il faut donc faire enlever les clous." C'est celte phrase qui m'a bouleversé. Pourquoi la cause n 'était-elle pas vraie ? Est-ce que ces trous ne vont pas nuire au mur ?
Tout dépend de ce que l'on entend par nuire. D'après ce que tu m'avais dit, j'avais compris que cela causerait de gros dégâts. D'après ce que X m'a écrit, j'ai compris que les clous tenaient à peine et qu'il suffirait de gratter un peu et de tirer pour qu'ils viennent. J'ai fait la moyenne des deux compréhensions et j'ai vu que mon argument auprès de X pour lui faire accepter les clous, n'était pas assez vrai pour avoir le pouvoir de vaincre l'hostilité de son attitude.
Est-ce que j'ai inventé ça pour quelque autre motif?
Regarde dans ton cœur, en toute sincérité, et tu verras que si c'était quelqu'un qui t'est sympathique qui t'avait demandé d'enlever les clou, tu n'aurais pas trouvé la chose si difficile, et tu ne me l'aurais pas présentée de la même manière. Page – 48 Je croyais que mon refus n'avait pas d'effet parce qu'il n'était pas soutenu par Douce Mère, et je crois fermement que quelle que soit la chose, si elle n'a pas le soutien de Douce Mère, elle ne tient pas, elle n'a aucun effet.
Quand nous sommes en présence de forces hostiles, seule la pureté d'une vérité absolue peut les vaincre.
Voilà le raisonnement presque mot à mot qui m'a bouleversé, et je n'ai pas encore trouvé la solution à ce problème. Éclaire-moi, ô Douce Mère.
Ton raisonnement paraît Juste, mais comme son point de départ est erroné, il ne tient plus. Relis ce que J'ai écrit, soigneusement et plusieurs fois au besoin, pèse tous les mots, afin de comprendre exactement ce que je dis et pas autre chose. Le 20 juillet 1935
Quand quelqu'un fait une remarque, pourquoi est-ce que Douce Mère me condamne sans même me demander d'explications ?
Toujours la même erreur de croire que je juge d'après ce que me disent les gens ! Quand je suis mise, soie directement soit indirectement, en présence d'un fait, Je regarde et juge par moi-même sans l'intervention de l'opinion de quiconque. Le 1er septembre 1936
Dans les cas de l'armoire de la maison Arogya, quand Y m'a dit qu'il ne voulait pas qu'elle soit peinte, j'étais intrigué de la même manière, et j'avais révélé que Z affirmait que c'était Y qui voulait qu'elle le soit. Page – 49 Généralement, il est préférable de ne pas répéter à l'un ce que l'autre a dit, car on risque toujours de susciter une confusion et d'augmenter les difficultés, Le 11 décembre 1936
Ô Douce Mère. Pénètre fout mon être et transfigure-le afin que Toi seule vives en nous et par nous¹.
La grande porte de ton être est ouverte, mais certaines autres ne le sont pas encore. Il faut les ouvrir toutes, car je suis là et j'attends. Avec mes bénédictions. Le 1er avril 1936
X vient d'écrire qu'il a reconnu son erreur d'avoir laissé le travail et qu'il le reprendra ce matin. Ainsi il faudra n'avoir l'air de rien et lui faire bon accueil. J'espère que Y aussi ne fera pas d'inutiles remarques. Le 23 septembre 1936
Peut-être Douce Mère est-elle mécontente de moi pour quelque chose ? Je ne suis pas en paix.
Je ne suis pas du tout mécontente. Mais quelle drôle d'idée de se laisser bouleverser par de si petites choses! Et le yoga? Il faut secouer tout cela et revenir à une condition meilleure. Bénédictions. Le 8 juillet 1937
¹Prières et Méditations, éd. 1980. p. W- Le sâdhak a écrit "mon" au lieu de "notre". Page – 50 Douce Mère, Je ne sais pas pourquoi j'ai perdu la maîtrise et la paix.
C'est dommage ! Peut-être es-tu un peu fatigué. J'espère que tu dors bien. Je voudrais que tu te couches de meilleure heure. Est-ce que tout ce travail après la méditation (conférences, comptes, etc.) est vraiment indispensable ? Pour garder la maîtrise sur soi, il faut avoir suffisamment de temps pour se reposer, rentrer au-dedans de soi et trouver le calme et la tranquillité. Le 19 octobre 1938
Douce Mère, Je voudrais assister à tous les travaux, coffrage et construction, sans offusquer personne. Comment m'y prendre ? Comment laver tout le passé ?
Effacer définitivement de soi l'impression qu'on est "supérieur" aux autres — car personne n'est supérieur ni intérieur devant le Divin. Le 6 décembre 1938
Douce Mère, Depuis quelques jours, toutes les fois que je rencontre X, il me repousse. J'ai cherché en moi si j'ai fait quelque chose récemment pour lui déplaire, mais je ne trouve pas. Je te prie de me dire si j'ai fait quelque chose.
Je ne suis au courant de rien à ce sujet. X ne m'a pas écrit. Mais une chose est certaine : tu attaches beaucoup trop d'importance à la façon dont les gens se conduisent à ton égard. C'est cette hypersensibilité qui est la cause de la plupart des malentendus. Mars 1939 Page – 51 Ô Douce Mère, Malgré tous mes efforts pour collaborer en toute amitié avec X, je n'ai pas réussi. Je Te prie de me dire en détail Mes défauts qui empêchent cette réalisation. Je Te promets défaire un effort sincère pour me débarrasser de ces défauts et avec Ton aide j'y parviendrai spontanément. J'avais rêvé que nous parlerions du travail en main, des travaux à faire, que nous échangerions des opinions, afin que nous parlerions comme Y et moi parlons entre nous. Mais je suis désolé de voir que X me tient à distance, reste réservé, et, quand il parle, je le trouve très pénible Cet état de choses provoque des réactions de révolte en moi, et les efforts que je fais pour garder la paix et le calme me paraissent au-dessus de mes forces.
Je crains que ce ne soit un manque d'affinité dans le vital et même dans le mental. Ce sont choses très difficiles à surmonter ; car cela exige que tous deux s'ouvrent à une conscience supérieure. Cela exige du Temps et un effort de sâdhana continu chez tous les deux. Dans les conditions présentes je pense qu'il vaut mieux ne pas vous obstiner dans votre tentative de rapprochement amical avec lui, cela ne fait qu'augmenter en lui le sens de son importance. Quant à la nécessité d'échanger vos vues et vos opinions sur le travail, je n'en suis pas encore convaincue. Mon impression est qu'on parle toujours beaucoup plus qu'il n'est nécessaire et que ce n'est pas avec des mots qu'on fait du bon travail. En tout cas le calme et la patience sont absolument nécessaires et vous devez en avoir puisque mes bénédictions sont avec vous. Le 10 octobre 1939 Page – 52 (Le sâdhak raconte qu'il a été plus d'une fois contrarié on déprimé parce qu'un collègue ne suivait pas ses conseils.)
Le mal : une ambition étroite et égoïste dans le mental, qui se traduit par une forte vanité dans le vital faussant vos notions des choses et vos réactions. Remède : Faire don de tout cela à "Douce Mère" complètement et définitivement. Avec ma tendre sollicitude et mes bénédictions. Le 5 mars 1940
Je suis heureuse que tu aies vu clair, mais je n'en suis pas étonnée, J'étais sûre qu'un jour tu comprendrais. Laisse la clarté d'une conscience lumineuse entrer en toi, élargis-toi dans cette vaste conscience afin que toutes les ombres disparaissent pour toujours. Avec mes bénédictions. Le 5 juin 1940
C'est très bien, mon enfant ; j'étais bien sûre que cela se terminerait ainsi, car je connais la bonté de ton cœur. Mes bénédictions sont avec toi. Le 15 octobre 1940 Page – 53 |